Voici une fan fic inventée sur le theme d'Eragon pour ceux qui connaissent^^
1
RENCONTRE
Eragon arpentait les rues d’Aberon. Il revenait tout juste de quitter Ellesméra. La demande de Nasuada lui était parvenue quelques jours plus tôt. Elle désirait lui parler d’un projet qu’elle avait mis en place avec l’appui du roi Orrin. Les renseignements qui leur étaient parvenus n’étaient toujours pas étoffés, mais ils devenaient alarmant. Les troupes de Galbatorix grandissaient toujours et tous les animaux qui pouvaient être réquisitionné, l’avaient été.
C’était une belle journée. Le soleil brillait haut dans le ciel de la grande cité. Aucun nuage ne venait assombrir un ciel couleur pastel, d’un bleu si clair qu’il en aurait presque été blanc.
Il n’y avait pas beaucoup de monde dans les rues. La chaleur n’était pas pourtant pas encore assez intense pour cloîtrer tout le monde dans la fraîcheur des habitations.
Les rumeurs allaient bon train. Les gens n’osaient pas quitter l’abri de leur maison. Seuls quelques courageux marchaient dans la rue, mais pressait visiblement le pas pour ne pas rester trop longtemps dehors. La peur se lisait sur les traits des visages. Les rares soldats qui marchaient en formation serrée se faisaient de plus en plus rares.
Mais pour cette fois peut-être, l’arrivé de cet homme qui marchait d’un pas léger les faisait fuir. Quoi qu’il en soit, personne ne l’approcha de près et l’un des passants fit même un écart pour ne pas croiser son chemin.
Sanya était une jeune fille élégante, avec la grâce, et surtout la beauté, d’une princesse. Elle portait les cheveux courts et châtains, sur un visage fin, les pommettes légèrement saillantes et une peau de nacre. Elle n’était pourtant pas bien grande, mais elle était plutôt fine et élancée. Elle portait de surcroît des tenues coquettes. Elle ne voulait pas paraître trop pauvre, mais pas non plus afficher un statut qu’elle se refusait de porter. Elle voulait simplement demeurer féminine et agréable à regarder. Elle était avant tout une femme qui cherchait à plaire à la clientèle, même si elle ne cherchait pas de réconfort auprès de ce type d’hommes. Cette jeune femme était en effet plutôt prisée.
Son regard azur fuyait toujours ceux des nombreux hommes d’ici, ou de passage, qui essayaient de la courtiser lors de leur passage dans la taverne qu’elle tenait. Elle ne les trouvait pas très attirants. Elle les connaissait presque tous. Elle n’avait jamais trouvé en eux le trait de caractère qu’elle recherchait vraiment chez celui qui serait susceptible de convenir. Et elle ne tenait pas non plus à s’enticher d’un soldat ou d’un ivrogne qui venait traîner ici pour la courtiser ou trouver du réconfort auprès d’autres femmes de la ville.
Le « Cerf Blanc » était le nom cet établissement. Il était entièrement construit en bois. L’odeur y était d’ailleurs très présente. De nombreuses tables, elles aussi en bois, trônaient dans une salle à la décoration pauvre. Quelques peintures rudimentaires de victuailles et de repas festifs ornaient les murs entièrement vides de tapisseries. L’endroit était ainsi plus chaleureux. Une cheminée se tenait dans le fond de la salle, au milieu d’un mur ornée d’une énorme tête de cerf et de deux grandes fourches croisées. L’escalier, à la gauche, en entrant, grimpait vers l’unique étage de l’établissement. Il y avait quelques chambres pour les voyageurs. Elles étaient inoccupées. Elles ne servaient plus depuis longtemps, mais Sanya continuait de les entretenir dans l’éventualité d’un usage quelconque et prochain.
Sanya évitait donc de regarder les hommes ou les jeunes garçons pour ne pas souffrir de ce harcèlement permanent de la gente masculine. Elle ne souhaitait pas encore se lier à quelqu’un. Elle voyait pourtant autour d’elle les autres jeunes femmes flirter ou se faire courtiser pour enfin se fiancer ou se marier. Ce n’était pas son cas. Elle voulait se réserver pour l’homme qu’elle s’imaginait tout autre que ceux qui fréquentaient son auberge. Elle voulait être libre de choisir celui qui obtiendrait ses faveurs. N’ayant pas de parents pour la guider, elle faisait ainsi confiance à son instinct qui ne la trompait presque jamais.
Son instinct cette fois, ne lui serait pas d’un grand secours. Pas face à son cœur qui allait parler. Le jeune homme qui entrait attira son regard, sans qu’elle ne puisse vraiment s’expliquer pourquoi. Il avait l’air vraiment différent. Il ne se conduisait en rien comme les autres hommes. Il paraissait de haute lignée – il n’y avait qu’à en juger par ses vêtements – et il se tenait droit et fier. Il avait vraiment beaucoup d’allure. Elle regardait ces beaux vêtements. Elle se disait qu’elle n’aurait jamais pu s’offrir de tels vêtements.
Il paraissait jeune. Il avait une peau lisse et qui avait l’air soyeuse. Il avait un visage fin et pur, un peu comme celui d’un enfant. Il n’avait vraiment pas l’apparence des autres garçons ou des autres hommes qu’elle avait pu rencontrer. Il était plutôt grand. Il avait une bonne carrure aussi. Il portait de magnifiques cheveux bouclés en bataille et un regard intense, profond, celui qui lit en vous, celui que vous sentez alors et auquel vous ne pouvez rien dissimuler.
Le garçon s’approcha doucement. Le cœur de Sanya palpitait malgré elle. Que lui arrivait-il ? Elle n’avait jamais ressenti ce sentiment, avant. Elle ne maîtrisait plus son cœur qui se mettait à battre plus fort encore à l’approche du jeune homme au plus près d’elle. Elle contenait au mieux ses paroles pour ne pas lui laisser paraître la moindre émotion :
- Bonjour à toi, étranger, dit-elle, la voix légèrement tremblante.
- Bonjour à toi, répondait-il.
Leurs deux regards se croisèrent et la jeune fille se sentit rougir. Elle baissa les yeux, gênée. Le jeune homme sentit cette gêne et lui releva le visage du bout des doigts en disant :
- T’aurais-je blessée ?
- Non… non ! Excuse-moi, je n’aurais pas dû réagir ainsi, je suis vraiment navrée.
Elle osa enfin relever les yeux sur lui, mais ses joues étaient encore brûlantes. Elle se contenait avec beaucoup de difficulté. Son regard était troublant. Il la regardait dans les yeux et continuait :
- Tu m’as appelé étranger ! Serais-tu ici depuis peu ?
- Oui. Je viens de Gil’ead où j’ai fui l’arrivée de l’Empire et de ses soldats malveillants.
La jeune femme serra les poings en pensant à ses lâches de soldats qui avait massacré toute sa famille qui avait alors refusé de se plier aux exigences de ceux-ci. Elle s’était cachée d’eux dans une minuscule remisse et les avait regardé faire sans pouvoir réagir. Elle avait alors errer dans la rue, regardant les cadavres disséminés un peu partout. Elle avait alors une dizaine d’année. Un marchand de passage avait recueilli la jeune fille qui avait ensuite marchandée pour enfin atterrir dans cette auberge, recueillie alors par un homme peut-être pas très courageux, mais généreux.
Les larmes lui venaient à l’évocation de ses souvenirs si douloureux et l’une d’elle s’écoula sur sa joue. Le garçon posa doucement une main sur sa joue pour effacer celle-ci :
- Je comprends ce que tu ressens. J’ai moi aussi perdu des gens proches de moi à cause de l’Empire, y compris celle que j’aimais… Je connais aussi Gil’ead, j’y ai séjourné un certain temps…
Le jeune garçon se rappelait à son tour avec amertume son emprisonnement dans la cité alors commandée par l’Ombre qui le maintenait prisonnier.
La jeune fille ne voulut pas se complaire dans des souvenirs douloureux plus longtemps et revenait à un autre sujet :
- Tu avais l’air étonné que je te nomme étranger, pourquoi donc ? Je n’ai pas le plaisir d’avoir déjà vu ton visage. Je me souviens en général des visages, et je suis certaine de ne jamais avoir croisé le tien auparavant.
- Peu importe, ça n’est pas important. Je venais me désaltérer. Qu’as-tu à offrir ?
- Nous avons une bière de fort bonne qualité, ainsi qu’un Hydromel de premier choix.
- Va pour la bière !
Sanya alla chercher la commande du jeune homme. Elle repensait à ses paroles. Il ne voulait visiblement pas parler de lui. Il avait pourtant éveillé la curiosité de la jeune femme qui parut déçue de ne pas en apprendre davantage sur lui. Elle lui rapporta rapidement sa commande.
Elle regagnait ensuite l’arrière du comptoir en restant intriguée. Elle pensait sans cesse à ce nouveau venu et le regardait de temps à autre en prenant soin de ne pas être vue de lui lorsqu’elle croisait par inadvertance son regard.
Elle s’étonnait du changement d’ambiance dans l’auberge. Les gens qui d’ordinaire parlaient à haute voix ou riaient sans se soucier des gens aux alentours, murmuraient maintenant. Comme si la présence du jeune homme était indésirable, leur faisait peur ou les impressionnait.
La jeune fille ne chercha pourtant pas à savoir pourquoi son arrivée avait rendu tout le monde si silencieux. Elle continuait de regarder dans sa direction par moments en essuyant quelques verres et en nettoyant le comptoir.
Le garçon avala sa bière, seul, assis à l’une des plus petites tables. Il paya et salua Sanya avant de quitter les lieux.
La jeune femme fut un peu chagrinée de le voir partir déjà. Elle lui renvoya toutefois son salut avant qu’il ne quitte définitivement l’auberge.
Le plus vieux des paysans, un homme replet, avec des plis sous le menton et une barbe grisonnante mal entretenue, des yeux porcins très clair et gris et des cheveux gris mal coiffé et sales, se mit à parler. Assis au fond de l’auberge, il se tourna vers la jeune femme et lui demanda alors :
- N’as-tu jamais entendu parler de cette homme ?
- Non.
- Tu devrais ! C’est le Tueur d’Ombre ! Le nouveau Dragonnier !
La jeune fille fut stupéfaite, mais ne montra pas spécialement de réaction. Elle avait bien sûr entendu parler du célèbre Tueur d’Ombre, mais ne connaissant pas son visage, elle n’aurait jamais pu l’identifier.
Son étonnement passa bien vite et un sourire remplaça sa surprise sans même qu’elle ne s’en rende compte : « un Dragonnier ! » Voilà qui expliquait la tenue.
Elle comprenait maintenant l’attitude du jeune homme et le fait qu’il ne veuille pas parler de lui. Elle connaissait plus ou moins son histoire. On racontait qu’il était un garçon de ferme avant de devenir un Dragonnier. Elle écoutait volontiers toutes ces histoires qu’elle trouvait si intéressantes. En se les remémorant, une question, pourtant, lui brûla les lèvres et elle ne résista pas :
- Mais, dis-moi, il paraît que les Dragonniers peuvent lire dans votre esprit. Est-ce vrai ?
- Ce sont des manipulateurs, dit le vieillard, prends surtout garde de ne pas le froisser, il paraît ravager ton esprit.
- Ne sois pas stupide, Slovan ! dit alors le jeune homme assis en face du vieillard.
C’était un garçon blond et filiforme. Il était tout aussi mal coiffé, avec des cheveux plus longs et raides. Il avait des yeux du même gris. Il poursuivait :
- Tu ne sais rien de lui, et même s’il peut lire dans ton esprit, il ne ferait pas une chose pareille ! Ce n’est pas un Ombre ! Il ne fait pas cela pour te détruire ou pour te nuire. Il le fait pour se protéger, pour connaître tes intentions.
La jeune femme écoutait les deux hommes se disputer au sujet de cette capacité du Dragonnier à lire dans l’esprit. Elle ne les écoutait plus et restait rêveuse, perdue dans ses pensées : « Pourvu qu’il ne se soit pas rendu compte de ce que je pouvais ressentir. » Elle rosit et sourit. « Il est vraiment très beau. »
Elle avait du mal à s’imaginer qu’un jour, ce si charmant jeune homme ait pu être un garçon de ferme ! Il était si différent des fermiers et elle les connaissait presque tous dans les environs. Ils se ressemblaient toujours. Cela paraissait peu probable et pourtant… Il avait tant d’allure, tant de personnalité. Il ne ressemblait vraiment pas à un fermier.
Une foule de questions s’amoncelait dans sa tête et elle mourait d’envie de tout savoir de lui, maintenant. Une autre question lui vint à l’esprit. Elle fit volte face et demanda :
- Mais porte-t-il un autre nom que Tueur d’Ombre ?
- Oui, il porte le nom du premier Dragonnier.
- Et quel est-il ?
- Eragon !
Elle se répéta ce nom qu’elle ne connaissait pas. Elle le répéta ainsi plusieurs fois dans sa tête. Ce nom lui plaisait beaucoup. Il ne quittait désormais plus son esprit. Elle se le répéta encore et encore. Elle revoyait ainsi ce jeune visage si beau. Elle se le remémorait avec beaucoup d’émotion.